Récap’ de l’Université Syndicale

Récap’ de l’Université Syndicale

Le week-end du 13 et 14 novembre 2021, nous nous sommes retrouvé.es autour de discussions, de conférences, d'ateliers, de tables-rondes. Ce week-end a été un week-end de formations (mais pas que!). Des militant.es de longues dates ont pu partager leurs savoirs et expériences, se retrouver, et des nouveaux ou simplement des personnes intéressé.es ont pu en apprendre davantage sur divers sujets, poser des questions, rencontrer des gens, et même s'engager dans la lutte syndicale que nous défendons.

Pour celles et ceux qui n'ont pas pu se rendre à l'université syndicale ou qui ont raté un jour, ou même qui se demandent "mais qu'est ce que c'est ?" nous vous avons fait un rapide récap!

Le samedi matin, nous avons reçu Jaime, qui est venu nous parler des luttes qui ont mené à la révolution au Chili, puis nous a raconté sa vie et celle de ses camarades après le coup d’État de Pinochet et la dictature qui a instauré la première tentative de régime néo-libéral avec l'aide des États-Unis. Son message final nous a donné une note d'espoir quant aux luttes futures que nous avons encore à mener et de la place fondamentale des étudiant.es dans les luttes et leurs liens avec celles du monde du travail.

Le samedi après-midi, plusieurs ateliers et discussions ont été donnés. Il y a eu:

  • "Lutte sans la prison" par le Collectif de Luttes Anti-Carcéral et des Matrisses. Les participant.es et intervenant.es ont pu réfléchir ensemble à des alternatives au système pénal notamment en réfléchissant au cas de la criminalisation des agresseurs sexuels. Il a été abordé la question de la justice transformatrice, ce type de justice qui questionne la punition comme seule réponse pour recourir à une résolution de dommage commis. Pour plus d'informations sur les questions anti-carcérales, nous vous conseillons de suivre leur page Facebook.
  • Arpentage (lecture collective de texte) autour du thème du syndicalisme révolutionnaire. Un texte portait sur la compréhension des concepts du syndicalisme révolutionnaire, et sur les distinctions entre fédéralisme et centralisme et sur l'objectif final. Un autre texte sur la double besogne du syndicalisme (travailler au jour le jour à améliorer les conditions de vie des travailleur.euses et de faire en sorte de reprendre en main les lieux de travail). Un autre texte a abordé la question du salariat et de comment sont exploité.es les travailleur.euses. La question de l'indépendance syndicale par rapport aux partis politiques a également été abordée, et le fait que les syndicalistes se regroupent autour d'intérêts communs et non d'opinions, comme les partis. Si cela vous intéresse, les livres étaient: "Action directe" de Émile pouget et
    "Théorie et pratique de l anarcho-syndicalisme" de Rudolf Rocker.
  • "Histoire et Actualité du Syndicalisme étudiant" par un ancien de l'USE. Il a pu nous raconter les raisons premières de la volonté de création de l'Union Syndicale Étudiante, du questionnement de la représentativé étudiante dans les instances universitaires. On a pu réfléchir aux futurs du syndicalisme étudiant et aux stratégies à établir pour s'ancrer efficacement dans le paysage de l'enseignement supérieur, dans le but de défendre efficacement les droits des étudiant.es et d'en acquérir de nouveaux. L'occasion également de rappeler la nécessité d'un changement de système global et de ne pas seulement lutter pour défendre des droits sans aucuns autres but au long terme. Bref Syndique-toi : https://use.be/contact/
  • "Autodéfense numérique": Le collectif Technopolice est venu nous apprendre de nombreuses choses. La première partie portait sur la cyber-surveillance, plus particulièrement via nos smartphones, même lorsque l'on pense que nous ne sommes pas surveillé.e.s (mode avion, téléphone éteint, ...) ainsi que sur les méthodes technologiques et politiques de récupération de nos données personnelles. L'argument du "Je n'ai rien à cacher" a également été remis en question, notamment de par le constat que celui-ci découle d'une position socio-politique privilégiée. Pour plus d'informations sur leurs évènements : https://technopolice.be/

Ensuite, avant de refaire des tables de discussions, nous avons eu l'occasion d'écouter Joel Girès nous présenter son étude sur les inégalités dans l'enseignement supérieur et la précarité étudiante. Il nous a clairement montré le lien entre les conditions matérielles de vie des étudiant.es et leur réussite académique. La validité de la phrase "Quand on veut, on peut" a pu être écartée scientifiquement et nous permettre de nous concentrer sur l'importance d'un changement structurel si on se dit réellement indigné.es par les inégalités sociales. Pour plus d'informations.

Après une pause, d'autres tables de discussions ont eu lieu :

  • "Méthode scientifique et questions politiques" : après un bref vrai ou faux montrant qu'on ne s'y connaît pas toujours sur certains sujets politiques, nous avons reconstruit petit à petit une méthode scientifique très utilisée pour comprendre comment fonctionne la science et ce qu'est le consensus scientifique. Nous avons pu comprendre que les études servent parfois a confirmer des intuitions, mais que les intuitions que nous avons sont aussi très souvent biaisées. Ceci vaut aussi en politique, et l'esprit critique doit être présent surtout lorsque nous sommes d'accord avec ce qu'on entend. Enfin, nous avons critiqué la/les science(s), que ce soit sur la méthode en elle-même ou sur le contexte capitaliste dans laquelle elle est exercée. "Je veux bien tout croire, mais donnez moi des bonnes raisons de le faire" est une phrase qui peut résumer cette présentation et les discussions qui s'en sont suivies. Des chaînes Youtube ont été conseillées par l'intervenante, notamment des chaînes sur le scepticisme.
  • Un atelier sur le marxisme, il fallait y être pour comprendre. N'hésitez cependant pas à aller voir les travaux d'Alain Bihr sur le sujet, qui sont très éclairants !

Le soir c'était la fiesta. Des artistes talentueuses sont venues sur scène pour nous enjailler les oreilles.

Le lendemain matin, après un réveil assez difficile, nous avons reçu un intervenant du congrès national kurde pour nous exposer le fonctionnement du confédéralisme démocratique (modèle de société basé sur la démocratie radicale, le socialisme, l'écologie, et le féminisme et fonctionnant par fédéralisme). Il nous a relaté les faits historiquement (rejet de l’État Nation, changement de paradigme) et géographiquement (attaques de toutes part de la part de la Turquie, de l'OTAN, de l'EI, puis nous avons pu avoir une vision plus claire de la lutte qui est menée au Rojava et qu'il reste encore à mener. L'organisation d'un village, d'un canton, d'une région, sur des bases démocratiques, partant du besoin réel des habitants, est possible. Après un merveilleux repas, nous nous sommes réparti.es encore une fois en tables de discussions:

  • Une discussion sur la lutte des travailleuses domestiques a eu beaucoup de succès. Une ancienne militante de l'USE est venue nous présenter son mémoire. Celui-ci porte sur les enjeux de l'organisation collective des travailleuses domestiques migrantes (TDM) au Liban. Ce dernier, qui accueille environ 300 000 travailleuses venues entre autres d'Éthiopie, des Philippines, du Sri-Lanka, est le premier pays du Proche et Moyen-Orient à voir naître un syndicat de TDM, et ce, malgré un nombre importants d'obstacles sociaux et juridiques. La discussion a eu lieu en deux temps. D'abord, un exposé du travail de terrain et des problématiques autour de la question de l'internationalisation du travail domestique, un marché dominé par des femmes migrantes et précaires. Ensuite, ont eu lieu des discussions autour des enjeux auxquels fait face le modèle syndical traditionnel, avant de finir sur des échanges avec les participant-es.
  • Les luttes palestiniennes ont pu être présentées par des militant.es du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions), et l'importance de mener des combats contre les institutions qui collaborent avec l’État d'Israël a été clairement expliqué. BDS, c'est une campagne internationale enjoignant les citoyens du monde à exercer diverses pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur l’État d’Israël. Cette campagne s'appuie sur le droit international et revendique la fin de la colonisation, de l'occupation, du blocus de Gaza et le démantèlement du mur ; le droit au retour des réfugié.es ; et la fin de l'apartheid pour les Palestinien.nes. N'hésitez pas à contacter le comité BDS-ULB.
  • Syndicalisme de plateforme : Un militant des JFGTB est venu nous présenter son travail de fin d'étude sur le syndicalisme de plateforme. Le travail de plateforme a été abordé sous deux axes : d'abord une explication du modèle économique et de ses implications sur les droits des travailleur.euses. On a vu qu'il s'agit d'une nouvelle forme de capitalisme détruisant les droits sociaux en remettant en cause jusqu'au droit à un contrat de travail (et aux assurances qui en découlent). On a par ailleurs vu que le modèle économique dépend de la récolte des données privées que les investisseur.euses espèrent pouvoir faire fructifier. Tout repose sur ça car les activités de livraison à proprement parler sont déficitaires pour l'instant.On a ensuite abordé la question de l'organisation de ces livreur.euses à travers son expérience au collectif des coursier.ses. Les travailleur.euses ubérisé.es sont réputé.es inorganisables du fait de leur atomisation mais on a pu voir comment y arriver. On a pointé l'importance de la création de liens, de lieux de sociabilité, des contacts internationaux. On a également vu comment le collectif a réussi à attirer l'attention des syndicats traditionnels et à s'assurer leur soutien constructif.

Pour la fin de la journée, le Secours rouge est venu nous donner le module 1 de leurs ateliers. L'intervenant a expliqué les raisons pour lesquelles il fallait être le plus précautionneux possible lors d'actions politiques, mais nous vous laissons découvrir par vous mêmes leurs ateliers! (https://secoursrouge.org/)

Durant le week-end, il était possible de se reposer et d'écouter des podcasts dans un canapé, c'est pour cela qu'on vous avait concocté une playlist de podcasts politiques. Vous pouvez la consulter via ce lien.

Merci et à très vite!