2012 : Nouvelles politiques étudiantes. Nos alternatives : une garantie sociale étudiante et une pédagogie rationnelle.

2012 : Nouvelles politiques étudiantes. Nos alternatives : une garantie sociale étudiante et une pédagogie rationnelle.

Augmentation du temps de travail étudiant à salaire réduit (50 jours sans sécurité sociale[1]), très potentielle explosion des tarifs de la STIB pour les étudiants (fin de la réduction de 50% sur les abonnements, eux-mêmes en augmentation : de 200 à 250 euros[1:1]), nouvelles sélections sociales en médecine, absence de politiques du logement étudiant public et social… l’année 2012 s’annonce difficile pour les étudiants modestes.

Les statistiques de la sélection sociale dans l’enseignement ne vont pas en s’améliorant. Alors que les chiffres du travail étudiant à bas salaire, vendu comme « phénomène limité et pour répondre à des besoins résiduels », atteignent des niveaux alarmants (augmentation de plusieurs dizaines de milliers de poste de travail supplémentaire chaque année[1:2], 116 000 emplois étudiant au premier trimestre 2011), le déjà très impressionnant taux d’échec augmente en parallèle (de 55 à 60% entre 2005 et 2009[1:3]).

L’augmentation du temps de travail étudiant à bas salaire, parallèle à l’augmentation des coûts de la vie étudiante par la privatisation des prestations du service public a un effet simple : les étudiants modestes se voient obligés à combler les trous dans leurs budgets par la vente de leur force de travail, ce qui augmente leur risque d’échec. Plutôt que de renforcer une privatisation du financement individuel des études, ce sont des politiques publiques qui sont nécessaires.

Face à ces politiques antisociales qui renforce les inégalités sociales, les syndicats étudiants bruxellois rappellent les intérêts des étudiants modestes, et proposent des alternatives aux mesures des gouvernements.

Une politique sociale étudiante intégrée

Il est temps de construire une politique sociale étudiante intégrée, qui permettra un véritable accès démocratique à l’enseignement supérieur, et un pas de plus vers la réussite pour tous. Cette politique sociale a une dimension économique et un dimension académique.

Au niveau économique, les étudiants nécessitent d'un part, des bourses qui prennent en compte la situation réelle des étudiants, et d'autre part, des services publics gratuits ou à coût réduit (Logement, restauration…).

Le syndicat étudiant plaide pour la fin du travail étudiant, et la mise en place d’une garantie sociale étudiante, c’est-à-dire garantir l’accès à l’enseignement supérieur pour tous, basée sur les besoins des étudiants[1:4].

Pour cela, il est nécessaire d’en finir avec les critères non-sociaux qui entre encore aujourd’hui dans l'attribution de l’aide sociale. Il faut établir une aide sociale progressive, collant au mieux aux revenus des débiteurs (bien souvent les parents.) Il faut mettre en place une aide vraiment sociale, adaptée aux besoins.

Une augmentation de l’aide sociale pour les étudiants, ainsi que l’élargissement de la population couverte est aisément finançable par des choix politiques différents, et éviterait le financement des études par le travail des étudiants.

Par un rapide calcul, on se rend vite compte que l’argent investit dans la réduction de cotisations sociales pour les patrons qui engagent des étudiants, est un véritable cadeau de l’Etat aux patrons. Et ce au détriment de l’accès aux études : les cotisations sociales d’un patron par travailleur sont d’environ 32% sur le revenu brut, et par étudiant, de 8%. En sachant que le salaire moyen des étudiants est de 1900 euros par an[1:5], au taux de cotisation réduite, c’est 152 euros par an qui sont payés à la sécurité sociale, contre 608 euros, si les cotisations étaient à leur taux normal. C’est 456 euros offerts aux patrons, plutôt qu’aux étudiants !

C’est loin d’être la seule mesure politique qui permetterait un refinancement de l’enseignement supérieur pour le rendre démocratique. L’Etat doit réinvestir dans l’enseignement supérieur, et aller chercher les moyens dans les poches des premiers bénéficiaires de l’enseignement : les entreprises. Par la fin des cadeaux sociaux décrits ci-dessus, mais aussi par l’usage de l’impôt sur la richesse et sur les transactions financières, ou encore par la fin des cadeaux fiscaux. De la sorte, l’accès à ensemble des besoins fondamentaux pourra être rendu gratuit.

Au niveau académique, une volonté d’égalité face à la réussite est loin d’être en place. L’enseignement doit posséder une véritable structure pédagogique, et non pas développer des instruments de sélections sociales (telle que l’immense panel de « mises à l’épreuve » socialement marquées).

Le syndicat s’engage pour que les étudiants bénéficient de l’usage d’une pédagogie rationnelle[1:6]. C’est-à-dire une pédagogie sociale, qui consiste à combler, à chaque fois qu’elles se présentent, les inégalités face à la l’enseignement des matières, dues aux originales sociales différentes des étudiants. Ce n’est pas difficile à mettre en place : il faut former les professeurs à la pédagogie (aussi aberrant que ça puisse paraître, les professeurs du supérieur n’en ont qu'une connaissance très sommaire), et mettre en place des cours en suffisance dans les écoles, avec un suivi au plus près des étudiants (et ainsi en finir avec les classes et auditoires surpeuplées, où l'étudiant n'est qu'un numéro...)

La lutte contre les inégalités dans l’enseignement supérieure n’est pas une utopie, elle est une question de choix politiques. Et ces politiques, c’est par notre mobilisation que nous arriverons à les arracher. L’année 2012 comportera encore de nombreuses luttes des étudiants modestes, qui organisés, se battent pour un enseignement débarrassé des inégalités sociales !


  1. P. BOURDIEU, L’école conservatrice. Les inégalités devant l’école et devant la culture, in Revue française de sociologie, 1966 - vol. 7 n° 3,p. 325-347). ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎ ↩︎