5 techniques d’oppression
Contrer les techniques utilisées contre vous pour limiter votre pouvoir
Berit As, première femme présidente d’un parti politique et professeure à l’université d’Oslo, a étudié le processus d’acquisition du pouvoir. Elle a pris comme point de départ les différences culturelles entre les hommes et les femmes. Elle a examiné de quelle manière la culture masculine opprime la culture féminine. Elle a surtout étudié les méthodes utilisées par les hommes, consciemment ou non, pour assujettir les femmes et les maintenir dans la sujétion.
Berit As décrit 5 techniques d’oppression :
-
Rendre invisible ou la femme fantôme
-
Rendre ridicule ou la femme idiote
-
Retenir des informations ou la femme ahurie
-
Critique systématiquement ou la femme indigne
-
Culpabiliser ou la femme punie
Il est important de reconnaitre ces techniques d’oppression. Ainsi vous pourrez réagir immédiatement lorsqu’elles seront utilisées contre vous ou d’autres femmes. Au cours d’une réunion, vous pourrez avertir d’autres femmes à l’aide d’un petit truc : apprenez par cœur l’ordre de succession des techniques. Lorsque la technique numéro « trois » est utilisée, montrez clairement trois doigts.
1. Rendre invisible ou la femme fantôme
Les femmes sont souvent niées, elles deviennent des fantômes. Les hommes agissent comme si une femme ou tout un groupe de femmes n’existaient pas. Il y a plusieurs raisons à cela : l’ignorance, l’habitude ou la mauvaise foi.
Vous reconnaitrez cette technique lorsqu’on refuse d’écouter ce qu’une femme a à dire. Les hommes commencent à feuilleter dans leurs papiers, à parler ou ils vont aux toilettes. Il n’est pas toujours facile de reconnaitre la technique pour rendre quelqu’un invisible. Elle est souvent muette et utilise le langage du corps.
Cette technique est née du fait que les hommes aussi bien que les femmes trouvent la culture masculine normale, évidente et importante. Les femmes ont cependant souvent d’autres problèmes et d’autres intérêts. Leur style aussi est différent. Pour ne pas déranger le « bon » déroulement des affaires, les hommes rendent les femmes invisibles. Et trop souvent chacun s’en accommode.
Nier quelqu’un est un mécanisme très puissant. Celui qui n’est jamais reconnu, qui ne reçoit pas de réponse, se sent peu important et perd son assurance. Dès lors, il devient presque impossible d’entreprendre quelque chose pou changer la situation. N’attendez pas d’en arriver là.
2. Rendre ridicule ou la femme idiote
Vous reconnaitrez rapidement cette technique. On y retrouve en effet les blagues classiques sur les femmes. Elles sont humiliantes et ridiculisent tous les efforts fournis par les femmes. Le plus souvent, il y est question de petites blondes peu intelligentes ou de vieilles femmes hystériques.
Chaque fois qu’un homme déclare que les femmes ne sont bonnes qu’au lit ou au fourneau, elles sont ridiculisées. Cette attitude est si fortement ancrée dans notre société que nous ne la remarquons plus. Chaque jour, nous lisons dans les journaux des anecdotes soi-disant amusantes au sujet de jeunes femmes naïves ou de petites vieilles aigries qui se sentent bien mieux sous la poigne puissante d’un homme.
Ridiculiser quelqu’un est une technique d’oppression très efficace. Le blagueur est toujours assuré d’avoir un grand nombre de rieurs de son côté. La victime est mise dans l’embarras et est sans doute gênée. Si elle ne rit pas avec les autres, on lui reproche de n’avoir pas le sens de l’ humour et d’être ennuyeuse. Les femmes en viennent à perdre leur assurance, ce qui les rend réticentes et passives.
3. Retenir des informations ou la femme ahurie
Pour prendre de bonnes décisions, il faut disposer de tous les détails. On ne reçoit pas toujours toute les informations utiles. Il arrive ainsi qu’on tombe des nues aux réunions. Vous vus êtes préparées à l’aide d’arguments et de contre-arguments. Mais vous vous apercevez que les autres en savent davantage et qu’ils occupent donc une position plus forte.
Le manque d’infirmations influence souvent les décisions que vous prenez. Si vous aviez disposé de plus d’infirmations, vous auriez peut-être réagi autrement. Cette technique d’oppression peut être donc lourde de conséquences.
Les hommes pratiquent toutes sortes d’activités où ils ne rencontrent que des hommes : sport, rencontres au café, etc. A ces occasions, des informations sont échangées et considérées comme allant de soi aux réunions. Au lieu d’en discuter, elles sont traités rapidement. Les femmes ont à peine le temps d’intervenir. Si elles souhaitent tout de même lancer la discussion, elles se font réprimander parce qu’elles font la fine bouche et tirent tout en longueur . Par-dessus le marché, on leur reproche d’être incapables de prendre une décision ferme.
Ne pas fournir toutes les informations nécessaires est une technique éprouvée. Les femmes qui sont laissées dans l’ignorance se sentent isolées, stupides et perdent confiance en elles. Les hommes n’ont alors pas de peine à s’approprier les initiatives et à conforter leur position dominante.
4. Critiquer systématiquement ou le femme indigne
Quelle que soit votre ardeur au travail, ce n’est jamais bien. Voilà le noyau de la double sanction. Cette technique d’oppression abuse des scrupules propres à beaucoup de femmes. Elles ont l’impression de ne jamais être à la hauteur. A celles qui s’engagent en politique, on reproche de ne pas être une bonne mère. Mais quand elles tiennent compte d’obligations familiales, elles s’entendent dire qu’elles ne prennent pas leur engagement assez au sérieux. Les femmes sont accusées de faiblesse si elles travaillent démocratiquement et donnent à chacun l’occasion d’intervenir. Mais si elles font preuve de fermeté, on leur reproche de ne pas être assez féminines. Une femme politique se voit reprocher soit de ne pas accorder assez d’attention aux affaires qui concernent les femmes, soit de faire preuve d’étroitesse d’esprit en ne s’occupant que de thèmes féminins.
Cette double accusation est illogique et injuste. Il est donc étonnant que cette technique d’oppression ait donc tant de succès. Quoi qu’il en soit, les femmes qui en sont victimes subissent un stress éprouvant. En particulier, lorsqu’elles essaient d’éviter ces critiques sans y réussir. Cette technique suscite chez elles des scrupules injustifiés.
5. Culpabiliser ou la femme punie
Rendue invisible jour après jour, la femme se sent insignifiante. Habituée à être tournée en ridicule, elle se trouve idiote. Parce qu’on lui cache des informations, elle ressent une insécurité. Exposée à ces méthodes de dominance, elle finit par se sentir gênée -tout à fait à tort- et va avoir tendance à prendre sur elle le blâme pour tous les malheurs du monde.
Cette technique d’oppression est fort déroutante. Les femmes qui sont humiliées ou ont fait l’objet d’abus, sont envahies par un sentiment de culpabilité. Elles croient trop souvent que la critique est fondée. Elles s’accablent de reproches. Pour y mettre fin, il est essentiel que les femmes examinent attentivement la situation et apprennent à juger objectivement les faits. L’important c’est de voir qu’il n’y a aucune raison de se sentir coupable.
Dans bien de domaines, les femmes doivent protester avec plus de force. Victimes d’un viol, elles sont encore trop souvent montrées du doigt. Lorsqu’un homme a un problème d’alcool, la faute est souvent mise sur le compte de sa femme. Ou lorsqu’une femme refuse des attouchements au travail, on dit « qu’il est difficile de collaborer avec elle ».