Assassinat du syndicaliste Soumaila Sacko en Italie
Soumaila Sacko était un syndicaliste de l’Union Syndicale de Base (USB) et travaillait comme ouvrier agricole à la récolte des agrumes et des kiwis dans la plaine de Gioia Tauro (Reggio Calabria), en Calabre. Il vivait dans le campement-ghetto de San Ferdinando où sont entassé·e·s les 1.500 migrant·e·s de cette commune et tentait de ramasser, sur une propriété à l’abandon, des taules de métal et des cartons pour se construire une maison de fortune. Là, le 3 juin 2018, une Fiat Panda s’est arrêtée à 150 mètres de Soumaila Sacko, un Malien de 29 ans, en situation de séjour légal, et de deux camarades qui l’accompagnaient. Des hommes en sont sortis et ont tiré dans la tête du travailleur et blessé aux jambes ses camarades, avant de prendre la fuite.
Cet assassinat survient dans un climat d’incitation à la haine permanent, encouragé notamment par le nouveau ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini (secrétaire de la Ligue), qui a affirmé dans la foulée que : « Pour les migrant·e·s, la belle vie est finie ! ».
Les camarades de Soumaila Sacko ont immédiatement lancé un mouvement de grève générale tandis que l’Union Syndicale de Base (USB) a déjà appelé à deux manifestations (le 16 juin à Rome et le 23 juin à Reggio Calabria), après celles de Milan et Gênes. Ce syndicat, auquel était affilié Soumaila Sacko, a également invité « toutes les personnes, associations et mouvements qui ont exprimé leur indignation pour ce vil assassinat, à soutenir notre campagne de crowdfunding, parce que la solidarité est l’unique arme dont nous disposons contre les lâches, les racistes et la violence. Les fonds récoltés seront utilisés pour l’assistance juridique à la famille de Soumaila Sacko, le retour de son corps au Mali et le soutien de la lutte des ouvrièr·e·s agricoles et de tou·te·s les exploité·e·s invisibles de l’agriculture ». L'USB est un syndicat indépendant créé en 2010 basé sur la lutte frontale et organisé de façon horizontale pour permettre la participation active et démocratique de tou·te·s les travailleur·ses.
Aboubakar Soumahoro, camarade syndicaliste et porte-parole des travailleur·ses agricoles, déclare : « Nous devons honorer la mémoire de Soumaila, en menant la lutte des damnés de la terre, de ceux qui se brisent le dos pour une poignée d’euros par jour et qui ont décidé de ne plus baisser la tête face au harcèlement, face aux caporaux mafieux et à l’exploitation. Nous nous tournons vers les vrais démocrates, les antiracistes, à cette partie de l’Italie, solidaire : assez de l’exploitation, assez des ghettos, assez de mourir comme des chiens. »
Cet assassinat n’a rien de ponctuel. Il s’inscrit dans la droite ligne de tous les discours racistes et xénophobes qui foisonnent en Europe et ne visent qu’à diviser les travailleur·ses, à les faire travailler et vivre dans des conditions d’extrême pauvreté qui permettent au juteux business de l’agriculture de perdurer.