Communiqué de soutien aux étudiants du Bashur (Kurdistan)

Communiqué de soutien aux étudiants du Bashur (Kurdistan)

Au mouvement étudiant à Bashur (Kurdistan),
Comme les syndicats étudiants et les étudiant-e-s kurdes au Royaume Uni, en Allemagne et en France, nous affirmons notre solidarité avec les étudiant-e-s des universités qui manifestent au Kurdistan. Nous appelons le Gouvernement Régional Kurde (GRK) à écouter vos revendications, et à réformer le système politique corrompu qui a créé des conditions de vie invivables, vous forçant à risquer vos vies. Nous condamnons les traitements inhumains perpétrés par le Parti Démocratique du Kurdistan et le Parti de l’Union du Kurdistan au pouvoir, et appelons les syndicats étudiants et institutions éducatives européennes à exiger la fin des mauvais traitements contre les étudiant-e-s du Kurdistan du Sud.
Des manifestations étudiantes sont en cours depuis le 21 novembre, en réaction à la mauvaise gestion financière, la corruption et la cupidité du KRG. En conséquence, les bourses des étudiant-e-s n’ont pas été versées depuis 2014. Des étudiant-e-s des universités de Sulaymaniyah, Raperîn, Germiyan, Koye et Soran ont organisé des manifestations demandant à réinstituer les bourses. Des étudiante-s d’université des quatres coins du Kurdistan les ont rejoints. Les partis au pouvoir n’ont fait aucun vrai geste pour le mouvement, en tentant de les calmer avec de vagues promesses, sans s’occuper des véritables problèmes. Dans le même temps, ils tentent de mater la protestation avec une présence militaire massive, en réprimant à balles réelles, à grands renforts de gaz lacrimogène et de canons à eau. Des centaines d’étudiant-e-s sont détenus sans motif valable, et beaucoup d’autres ont été blessés. La liberté d’expression est aussi réprimée, comme l’illustrent les arrestations de quatre journalistes à Sulaymaniyah. Nous exigeons que le KDP et le PUK stoppent leurs attaques contre les étudiant-e-s du Kurdistan du Sud, et appelons toutes les instances
éducatives à condamner l’inaction du pouvoir en place.
Outre l’arrêt des bourses aux étudiant-e-s, les mauvaises conditions d’études et de vie sur les campus du Kurdistan du Sud sont contraires au droit universel à l’éducation. Sous le KPG, l’enseignement supérieur a été ouvert à la privatisation, et dirigé principalement par des intérêts extérieurs (avec le développement d’universités américaines et autres universités étrangères). Le système ne garantit pas un droit à l’éducation pour le prolétariat, reproduisant un système de classe où quelques familles ont le pouvoir sur la politique et l’économie de la région.
Ces manifestations ne sont pas des cas isolés, mais le résultat de décennies de cupidité, de copinage et de corruption au nom du KDP et du PUK. Ces partis ont imposé un capitalisme hautement centralisé et oligarchique au peuple kurde, laissant non seulement les étudiant-e-s mais des millions de Kurdes dans la misère, pendant que les familles de la classe dominante vivent dans le luxe.
Comme nous l’avons vu cette semaine avec la mort de 27 réfugié-e-s tentant de passer de la France au Royaume-Uni, dont beaucoup d’entre elles et eux Kurdes, les mêmes facteurs qui poussent les étudiant-e-s dans les rues du Kurdistan du Sud forcent les réfugié-e-s à risquer leurs vies en partant pour l’Europe. Le pouvoir droit être arraché des mains de la minorité, pour créer un système démocratique décentralisé dans lequel les richesses de la région sont utilisées pour le bien commun.
Solidairement,
Kurdistan Students’ Union (Europe)
Kurdistan Women’s Student Union (Europe)
Kurdistan Students’ Union (UK)
Union Syndicale Étudiante (Belgium)