Pas de sélection à l’entrée en médecine !
Depuis le début de l’année académique, à l’annonce du fait que seulement 50 % des étudiants de cette promotion en médecine recevraient un numéro INAMI, une grande mobilisation des étudiants de médecine a vu le jour. Celle-ci a imposé un nouveau rapport de force face au Ministère de la Santé, dirigé par Maggie DeBlock.
Immédiatement après le succès des grèves des étudiants stagiaires et du nombre de manifestations et d’actions de sensibilisation contre l’absurdité du système INAMI, les doyens des facultés de médecine, depuis toujours favorables à l’examen d’entrée, ont détourné le mouvement étudiant. Leur solution est la suivante : des numéros INAMI pour tous cette année, en échange de la sélection à l’entrée pour les futures générations de médecins. L’OpenVLD Maggie DeBlock a immédiatement repris l’idée à son compte et une coalition hétéroclite, réunissant autorités universitaires, Ministère de la Santé, l’UNECOF (Union des étudiants de la Communauté Française), le Conseil de la jeunesse et le CIUM (Comité InterUniversitaire des étudiants en Médecine), a fait pression sur le ministre de l’enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt, qui était au départ opposé à l’examen d’entrée.
On parlait d’une « solution qui plaît à tout le monde », or l’Union syndicale étudiante (USE) tout comme la Fédération des étudiants francophones (FEF) s’opposent à cette mesure qui va généraliser la sélection sociale chez les étudiants voulant exercer la médecine. En effet, l’enseignement secondaire belge étant un des plus inégalitaires de l’OCDE, il ne donne pas à chacun la même chance de réussir un examen lors de son entrée aux études supérieures. La mise en place d’un examen d’entrée n'instaurera ni plus ni moins qu’une ségrégation sociale, comme c’est déjà le cas en polytechnique où l’« élite » construit sa propre reproduction sociale. Même un travail acharné et une volonté individuelle hors du commun ne peuvent pas venir à bout des inégalités sociales qui sclérosent l’enseignement de notre pays.
Depuis quelques jours, voilà qu'on en revient à une nouvelle "formule" qui serait un concours en fin de première année, où un certain quota d'étudiants pourrait passer dans l'année suivante. Cela n'est ni plus ni moins que l'ancien système du numerus clausus, aboli il y a quelques années grâce à une mobilisation étudiante qui trouvait également que ce système était absurde et injuste. Même si Jean-Claude Marcourt promeut cette nouvelle solution comme étant moins ségrégative au niveau social, ce concours reste une forme de sélection, qui copie le système élitiste déjà appliqué en France.
De plus, l’ouverture du numéro INAMI à tous les étudiants diplômés en médecine pour cette année n’exige aucune contrepartie. La pénurie de médecins est flagrante en Belgique : il est donc inutile d’en réduire le nombre. Au contraire, le problème que personne n’évoque est celui du taux d’encadrement chez les étudiants en médecine, et le manque de moyens matériels et humains pour former le plus de jeunes voulant exercer la médecine. Comme d’habitude, on préfère traiter les symptômes plutôt que la maladie. Ce qui manque par contre dans notre classe politique, à l’UNECOF, au CIUM ou au Conseil de la jeunesse, c’est du courage pour transformer la société et tendre vers des services de santé accessibles à toutes et tous, services de santé qui sont de plus en plus mis en péril par la politique du gouvernement fédéral et de Maggie DeBlock.
Nous réclamons un réel débat au sein des facultés de médecine afin de prendre en compte la dimension sociale et politique du problème. L’instauration de l’examen d’entrée ou d'un concours en médecine est la porte ouverte à une généralisation de la sélection à toutes les filières. Sachant que recteurs et doyens attendent patiemment l’occasion d’imposer au monde universitaire leur vision élitiste de l’enseignement, qui reviendrait à le réserver à une minorité privilégiée, nous resterons donc vigilants.
L’Union syndicale étudiante s’opposera toujours à l’injustice et à l’inégalité dans les études supérieures, nous défendons un enseignement public, gratuit, critique et populaire !