Grèves chez Delhaize - Mais que se passe t-il ?
Le mardi 7 mars, la direction de Delhaize a annoncé sa volonté de franchiser les 128 magasins encore intégrés. Mais cela pose un sérieux problème du point de vue des travailleurs et travailleuses.
Delhaize a aussi annoncé supprimer 280 emplois au siège de l'entreprise. Cette décision a entraîné un large mouvement de grèves spontanées et soutenu ensuite par les syndicats dans quasi l'ensemble de ces magasins.
La franchise, qu'est ce que c'est?
Aujourd'hui, sur les 764 magasins Delhaize en Belgique, 128 sont possédés et gérés directement par Delhaize, les autres sont des franchises. Cela signifie que ce sont des entités juridiquement indépendantes de delhaize, bien qu'elles dépendent du réseau de distribution de celui-ci. Avec cette décision, delhaize cherche à franchiser ses 128 magasins encore intégrés.
Pourquoi cette décision ?
Pour Delhaize, la franchisation est la seule voie vers un avenir durable pour delhaize, les magasins franchises étant plus rentables et plus dynamiques que les magasins intégrés. Mais, malgré les promesses de la direction, ce changement de fonctionnement n'est pas neutre du point de vue des travailleurs.
Qu'est-ce que ça signifie en réalité?
En effet, cette rentabilité accrue n'est obtenue qu'à travers:
- une réduction du personnel
- une diminution des salaires
- une flexibisation accrue de l'emploi
- et une décentralisation des négociations salariales.
Comme l'ont dénoncé les syndicats du secteur, les salaires dans les magasins affiliés sont 25% plus bas que dans les magasins intégrés, et ceci sans compter la pertes des avantages extra-salariaux (chèque-repas, remboursement frais de déplacement, primes).
Des emplois dégradés
De plus les franchises utilisent de manière plus massive des formes de sous-emploi, offrant moins de protection et participant moins à la Sécurité Sociale. Ces formes d'emploi implique des horaires plus difficiles, avec notamment du travail le dimanche ou en soirée. Dans les franchises du secteur de la distribution, c'est notamment le travail étudiant qui est fortement développé. Ces formes de sous- emplois sont mis en concurrence par le patronat avec l'emploi "classique", ce qui a pour conséquence une dégradation de ce dernier, comme delhaize le montre aujourd'hui.
Décentralisation des négociations
Enfin, la franchisation affaiblit le mouvement des travailleur.euses, en opposant, lors des luttes et des négociations, non pas plusieurs des milliers de travailleur.euses à une direction, mais quelques travailleur.euses, parfois moins de 10, avec peu d'implantation syndicale, à plein de patrons distincts.
L'externalisation
La décision de la direction de Delhaize de franchiser ses magasins s'inscrit dans mouvement général de sous-traitance et d'externalisation. On retrouve notamment ce phénomène dans nos universités, où les services de nettoyage ou de restauration sont externalisés. Or, les politiques de sous traitance impliquent impliquent nécessairement de plus mauvaises conditions de travail et des salaires plus bas. C'est donc une lutte générale contre l'externalisation et la sous-traitance qui doit être menée
La lutte des travailleurs Delhaize
Depuis l'annonce de la direction, il y a une dizaine de jours, la grande majorité des magasins intégrés ont fermé suite à des actions de grève à l'initiative des travailleur.euses et suivies par le front commun syndical. La direction restant campée sur ses positions, les syndicats ont annoncé la continuation de la grève, ainsi que des actions dans les dépôts delhaize, afin d'augmenter la pression sur l'entreprise
Comment soutenir la greve?
- signer la pétition : https://www.leslignesbougent.org/.../delhaize-integre-11673/
- afficher sa solidarité avec les travailleur.euses de delhaize et visiter les piquets de grève