L'ULB met à mort les acquis de mai 68

L'ULB met à mort les acquis de mai 68

Ce lundi 29 avril 2013, le Conseil d’Administration de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) s’est réuni en séance extraordinaire. Au programme de ce CA extraordinaire, l’adoption d’un plan de réformes des statuts et des instances internes, proposé par un groupe de travail sur la gouvernance de l’Université.

« L’ULB est l’université la plus démocratique de Communauté française ! » Souvent, les autorités de l’ULB ont fait des acquis des luttes syndicales et étudiantes de mai 68 en termes de gestion de l’université un véritable slogan. Pourtant, dès la mise en route des réformes adoptées par le Conseil d’Administration ce lundi, ces acquis s’envoleront en fumée.

Là ou la lutte étudiante de mai 68 avait permis d'obtenir que le siège du pouvoir de l’ULB soit déplacé d’un quarteron de professeurs et d’industriels vers une assemblée représentative souveraine en toute matière où les corps minoritaires (travailleurs, étudiants et chercheurs) possédaient 50% des voix, les réformes annoncées vont mettre en pièce les instances pour mieux renforcer le pouvoir des autorités académiques. Concrètement et entre autres mesures fleurant bon le managérialisme doctrinal – celui-là même que nombre d’entreprises entendent abandonner, le Conseil d’Administration serait scindé en deux organes, l’un s'occupant de la gestion et l'autre des matières académique. La composition de l’organe responsable des matières académiques (qui concernent au sein de l'université une majorité des dossiers) prévoient que 15 voix sur 26 soient données aux académiques au sens large (recteur, doyens , pro-recteur et professeurs), ce qui constitue un bouleversement des rapports de force en faveur du camp du recteur et qui lui ouvre une voie royale pour faire passer toutes les mesures antisociales ou de censure qu’il lui plaira.

La logique même de la réforme qui entend scinder le C.A selon les matières ne fait que renforcer le pouvoir de l'exécutif sous le prétexte fallacieux de l'efficacité. Dans la mesure où le pouvoir législatif (le CA) ne possédera plus une vision politique d'ensemble, il ne lui sera plus possible de contrôler ou d’initier de grandes politiques ! L'apanage de la confection de celles-ci se retrouvera concentré entre les mains du recteur et de ses séides.

Cette réforme présume une « inefficacité » jamais démontrée des instances internes et en particulier, du CA actuel. Or si le CA actuel a été vidé de sa substance, c’est justement parce que nombre de décisions n’y ont pas été prises ! La majorité des grandes réformes et décisions ont été prises par des groupes d’experts ou par les autorités académiques avant même d’être présentées au Conseil, qui s’est trouvé maintes fois obligé de ratifier les décisions pour éviter de causer une nouvelle crise : le CA a été vidé de sa substance par ceux-là même qui aujourd’hui clament partout son manque de vitalité !

Le résultat ? On va tuer le patient pour servir les intérêt du docteur Vivier qui se retrouvera seul maître à bord. Cette réforme qui voit le renforcement du pouvoir académique et en particulier du Recteur s’inscrit cependant dans le mouvement d’attaques systématiques contre un enseignement public, accessible et gratuit car financé par l’État. La « managérialisation » de la gestion universitaire, qui transforme les recteurs en top-managers, les étudiants en clients et les politiques académiques en plans stratégiques de développement n’est qu’une étape supplémentaire vers l’université marchande rêvée par les idéologues néolibéraux. Il ne faut pas s’y tromper : en s’attaquant aux acquis de mai 68, ce sont les fondements de notre système d'éducation qu'ils cherchent à saper !