Covid-19: Plusieurs organisations politiques et syndicales, dont l'USE, revendiquent l'extension du chômage temporaire aux jobistes
Déjà lors du premier confinement, mais à nouveau depuis la mi-octobre, des dizaines de milliers d’étudiant·e·s jobistes ont vu leur contrat être interrompu à la suite des mesures sanitaires imposées par les différents gouvernements. Sans travail, ces étudiant·e·s se retrouvent donc également sans revenu depuis plusieurs mois. A cela il faut ajouter les impacts du premier confinement. Cette situation est d’autant plus préoccupante lorsqu’on sait qu’en Belgique la moitié des jobistes dépendent directement de leur travail pour payer leurs études ou subvenir à leurs besoins primaires comme l’alimentation ou le logement[1].
Ce communiqué est signé par les Jeunes FGTB, les Jeunes Organisés Combatifs (JOC), écolo j, Comac, Mouvement des Jeunes Socialistes(MJS), Cercle Féministe de l'ULB, la Santé en Lutte et l'Union Syndicale Étudiante (USE).
A l’image des autres travailleurs·euses de l’Horeca ou de la vente, les jobistes se retrouvent donc empêché·e·s de travailler mais sans toutefois pouvoir bénéficier d’allocations de remplacement puisque leur statut précaire ne leur permet pas d’ouvrir leurs droits à la sécurité sociale, contrairement à leurs collègues sous contrat de travail ordinaire.
Alors que depuis mars, les différents gouvernements ont accordé plusieurs milliards d’euros pour des mesures visant à aider les entreprises et les indépendant·e·s, force est de constater qu’ils ont jusqu’ici été incapables de faire preuve de la même solidarité avec les jobistes, et ce malgré les interpellations de nombreuses organisations étudiantes depuis le début de la crise sanitaire[2].
Par ailleurs, les mesures mises en place par la ministre de l’Enseignement Supérieur – Valérie Glatigny – pour lutter contre la précarité étudiante sont loin d’être adaptées à la situation : le montant de 2,3 millions d’euros supplémentaires alloué lors de la première vague aux services sociaux des établissements d’enseignement supérieur est totalement insuffisant pour aider tous·tes les étudiant·e·s précaires.
Les conditions d’accès à ces aides restent floues : sont-elles identiques aux conditions d’accès aux aides sociales avant le confinement ? Le cas échéant, ces aides restent inaccessibles aux étudiant·e·s étranger·e·s (hors UE), parmi les plus touché·e·s par la précarité. Dans ce cadre, nous demandons donc une augmentation de ces aides sociales et leur accessibilité aux étudiant·e·s étranger·e·s. Nous rappelons également notre appel, durant cette crise exceptionnelle, à l’annulation (et non le report) de tous les paiements non-nécessaires : loyers, factures, crédits, etc. sans que cela ne provoque des expulsions.
D’autre part, depuis le début de la crise sanitaire le gouvernement a décidé de « neutraliser » le plafond de 475 heures de travail prestées par les étudiant-e-s au second semestre de 2020 afin qu’elles n’entrent pas en compte dans le calcul du contingent Cette mesure constitue un nouveau cadeau au patronat qui pourra dès lors, en dépit de toute considération pour la santé des jobistes, faire appel à une main d’œuvre exploitable et corvéable à merci, tout en s’exonérant de cotisations sociales pourtant indispensables au financement de la sécurité sociale (et donc entre-autres des soins de santé).
La stratégie du choc est bien connue[3]. Profiter de la crise pour intensifier la destruction de la législation du travail et de la sécurité sociale. En élargissant « temporairement » le travail des étudiant-e-s , en facilitant la mise à disposition des travailleurs·euses, en augmentant le nombre d’heures de travail supplémentaire, en autorisant les CDD successifs, en permettant l’ouverture des magasins jusque 22h (lors de la première partie de la crise) ... le gouvernement rend de telles mesures envisageables à long termes. Une fois leur usage légitimé par la situation sanitaire, il est fort à parier que le patronat ne voudra plus abandonner de telles mesures prises en dehors de toute concertation sociale. La situation de crise sanitaire impose donc plus que jamais de défendre la sécurité sociale qui demain subira de nouvelles attaques austéritaires.
Si l’urgence impose aujourd’hui de trouver une solution financière pour les jobistes étudiant·e·s privé·e·s de revenu depuis plusieurs mois, nous pensons que cela doit se faire par l’extension du chômage temporaire aux jobistes. De cette manière, nous entendons ouvrir le débat sur l’intégration future des jobistes aux bénéfices de la sécurité sociale.
En effet, il nous semble plus que jamais nécessaire de considérer les étudiant·e·s dans notre société comme des travailleurs·euses de plein droit, inclu·e·s dans le système de sécurité sociale. Les étudiant·e·s, par leurs nombreuses activités actuellement sous-payées ou exercées à titre gratuit, participent à la production, que ce soit en tant que jobiste, stagiaire et étudiant·e.
Les avantages et les effets d’aubaine pour les patrons doivent être supprimés, et il faut instaurer en parallèle un salaire étudiant qui permette de reconnaître leur activité essentielle dans la production générale.
Nous le répétons, le temps est venu de mettre fin au statut précaire d'étudiant·e jobiste, et d'exiger l'instauration d'un salaire étudiant. Seule la garantie d'un revenu durant les études permettra d'en finir une bonne fois pour toutes avec la précarité étudiante. Dans l’intervalle, le gouvernement doit prendre la mesure de la crise sociale qui frappe les étudiant·e·s issu·e·s de milieux populaires, non pas en les envoyant travailler sans protection sociale, mais en leur accordant le droit au chômage temporaire.
- Selon une enquête par la FEF en 2017.
- Lire à ce sujet le communiqué commun des Jeunes FGTB, de l’USE, de la JOC Bruxelles et Les Étudiantes en grève le 8 mars à l’ULB en date du 23 mars 2020: /covid-19-extension-chomage-temporaire-pour-les-jobistes/.
- https://www.actes-sud.fr/catalogue/economie/la-strategie-du-choc.