Pour une rémunération de tous les stages !

Pour une rémunération de tous les stages !
Les stages étudiants se retrouvent dans la plupart des cursus de l'enseignement supérieur et demandent un investissement considérable de la part des étudiant·e·s. Ces stages ne sont pas rémunérés et constituent une forme de travail gratuit, alors même que les étudiant·e·s font face à des conditions de vie de plus en plus précaires. L’Union Syndicale Étudiante, fermement opposée à toute forme de travail gratuit, a lancé jeudi dernier une campagne afin d’exiger la rémunération de tous les stages.

Au Québec, cela fait plusieurs années que des étudiant·e·s se mobilisent autour de cette revendication, notamment au sein des CUTE. Elles ont réussi à organiser de nombreuses grèves depuis le début de la rentrée académique. Plus de 40 000 étudiantes se sont mises en grève l'année passée pour revendiquer "la rémunération des stages dans les champs d’études traditionnellement féminins (travail social, enseignement, etc.), avec pour objectif plus large de faire reconnaître les études comme un travail intellectuel méritant un salaire et des conditions convenables". Dans d'autres pays, les stagiaires sont faiblement rémunéré·e·s (par exemple en France, à partir de 2 mois de stage) : ce sont des modèles que nous souhaitons dépasser.

Les stages dans les études supérieures touchent surtout les filières dévalorisées et majoritairement féminines. Ce sont les secteurs sociaux (assistantes sociales, infirmières, psychologues, éducation, …) qui demandent le plus grand nombre d'heures de stage. Cela a pour conséquence directe une main d’œuvre gratuite essentiellement féminine. Recourir à de telles formes de travail est une façon de compenser le sous-investissement dans les services publics (par exemple dans les hôpitaux ou même les ASBL). En outre, cela entraine également un nivellement par le bas des conditions salariales en habituant les gens à travailler gratuitement et en mettant les étudiant·e·s en concurrence face aux travailleur·euse·s rémunéré·e·s. En effet, 90% des stagiaires interrogé·e·s indiquent effectuer des tâches semblables à celles des employé·e·s rémunéré·e·s.

La première étape dans cette campagne pour une rémunération des stages est la récolte de données sur les stages étudiants en Belgique, que nous avons lancée jeudi dernier. En 5 jours, près de 300 stagiaires (Haute École et Université) ont déjà répondu. Un premier résultat intéressant concerne les jobs étudiants. Les étudiants ont moins tendance à avoir un job étudiant lorsqu'ils sont en stage, principalement à cause de l'investissement que leur stage leur demande. En effet, alors que 60% des étudiant·e·s indiquent travailler à côté de leurs études, ce chiffre tombe à 30% en période de stage.Nous constatons également que les dépenses liées au stage peuvent être conséquentes (jusqu'à 1000€ pour les cas extrêmes), que ce soit pour les déplacements ou le matériel de travail (par exemple un stéthoscope).

Plus largement, nous considérons que le travail de formation est du travail gratuit : les étudiant·e·s sont des travailleur·euse·s et leur activité essentielle dans la production sociale générale doit être reconnue. Pour donner un des exemples les plus communs, en produisant des travaux et des mémoires, ou en collectant des données, les étudiant·e·s participent au travaux de recherche et à la production de savoir. Ainsi, nous avions signé en novembre dernier un appel européen pour un salaire étudiant. C'est dans ce contexte là que s'inscrit notre campagne pour la rémunération des stages.

Pour toutes ces raisons, nous nous opposons à l'exploitation étudiante par le travail gratuit imposé notamment via les stages étudiants.

Afin d'affiner notre collecte de données, nous invitons d'ailleurs tout·e·s les étudiant·e·s stagiaires à compléter notre sondage. Nous sommes également à la recherche de stagiaires prêt·e·s à témoigner plus longuement sur leur expérience: si cela vous intéresse, n'hésitez pas à nous contacter via notre page Facebook ou notre mail info@use.be.

La rémunération des stages dans la presse