Rassemblement pro-choix et la nécessaire poursuite de la lutte pour le droit à l’avortement
Pour la seconde année consécutive ce 30 mars 2014, la plateforme pro-choix a su mobiliser quelques centaines de personnes pour un rassemblement place Poelaert en réponse à celui planifiée par les provies qui se tenait non loin au Mont des Arts. Nous étions présent.e.s afin de défendre le droit à l’avortement libre et gratuit sans restriction pour les femmes de tous âges, de toutes origines et de toutes franges socioculturelles. Nous dénonçons les mesures d’austérité qui empêchent celles qui le désirent de devenir mères. Nous revendiquons un accès à une contraception libre et gratuite, à une meilleure information et à des crèches publiques. Nous prônons la liberté des femmes à disposer pleinement de leur corps et de leur vie.
Cette action était l’occasion de nous exprimer aussi, étudiantes et militantes, sur cette lutte incontournable du combat féministe :
Source : Collectif Krasnyi
« En tant que représentantes des MALFRAP, la Commission Femmes non mixte du syndicat étudiant USE, une commission Femmes engagée afin de lutter contre toutes les formes de violence dont sont victimes les femmes dans la société, nous avons aujourd’hui l’occasion de nous exprimer sur le droit à l’avortement, l’une des causes qui nous est chère.
En tant qu’étudiantes, notre position est particulière, nous n’avons pour la plupart jamais eu d’enfant et il est vrai qu’il nous est donc difficile de parler d’une quelconque expérience dans la maternité. Cependant, nous ne sommes pas moins aptes à parler du sujet de l’avortement car nous pouvons potentiellement tomber enceinte et tomber un jour dans ce dilemme énorme qu’est la question d’avorter ou non.
Notre position à ce sujet est sans équivoque : nous prônons le droit à l’avortement sans restriction pour femmes de tous âges, de toutes origines, et de toutes franges socio-culturelles. Si nous nous battons pour ce droit, c’est parce que nous avons la conviction que le droit des femmes passe par leur droit de disposer de leur corps.
Des militants pro-vie se réunissent en ce moment même au Mont des Arts pour empêcher que les femmes aient ce droit. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que nous aussi nous nous battons pour la vie, nous sommes aussi des « pro-life », à notre façon. Mais nous ne nous battons pas pour la vie à n’importe quel prix, mais pour celle respectée dans sa dignité et son intégrité physique comme psychologique.
La femme n’est-elle pas elle aussi un être vivant? Cette vie que nous défendons, nous croyons qu’elle a le droit à la parole, à la visibilité, au droit d’exister et de se protéger lorsqu’un événement lui tombe dessus et met en péril cette dignité et cette intégrité pré-citées. Nous pensons que cette vie, cet être vivant que l’on tend à oublier dans le débat, s’appartient à elle-même, et qu’aucune autre vie arrivée, par accident certes, n’a le droit de parasiter la première. Le mot utilisé est fort, mais c’est ainsi que l’on peut vivre une maternité forcée. N’être qu’une vie de support, dont l’existence n’est soudainement plus là que pour accueillir la seconde. Oui, nous aussi nous défendons la vie. Nous avons simplement décidé de défendre celle qui, la première à exister, se voit refuser tout droit à disposer de son corps comme elle le souhaite, et devient subordonnée à une autre. Tout n’est qu’une question de priorité, et la nôtre, c’est la femme.
Par ailleurs, nous voulons que les femmes puissent bénéficier d’une contraception libre et gratuite et d’un meilleur accès à l’information. Et ce, afin de prévenir les grossesses non désirées et de pouvoir vivre des relations sexuelles libres, en toute sécurité et sans jugement.
Sous des prétextes économiques, l’État fragilise sans cesse les femmes : en octroyant moins de subventions aux plannings familiaux, en ne créant pas suffisamment de crèches publiques, en ne rendant pas la contraception totalement gratuite, en appliquant toutes ces mesures d’austérité dont les femmes sont les premières victimes et qui empêchent celles qui le désirent de devenir mères.
Il faut cesser de penser ce lien biologique des femmes avec les enfants, ce lien qui leur attribue l’obligation sociale de maternité et ce rôle traditionnelle au sein d’une famille nucléaire et hétérosexuelle. Ce lien qui est motif à nous exploiter tant dans l’espace privé que public.
De même, nous rappelons que l’interdiction du droit à l’avortement ne diminue en rien le nombre d’avortement pratiqués mais qu’il augmente, au contraire, le risque de décès. Toutes les heures, sept femmes meurent d’un avortement non sécuritaire et clandestin. Vous, les “pro-vie”, n’êtes pas pro-vie mais vous êtes pour le contrôle du corps de la femme par l’homme.
On ne peut pas penser une société égalitaire, juste et absente d’oppression quel quelle soit sans la libéralisation complète des femmes. Nous voulons pouvoir nous définir par nous mêmes et pour nous mêmes.
Nous toutes et tous, ici rassemblé.e.s aujourd’hui, féministes et pro-féministes, nous militons contre l’exploitation capitalisme et contre l’oppression patriarcale. Nous sommes, ici, pour la liberté des femmes à disposer pleinement de leur corps et de leur vie. Nous sommes pro-choix ! »
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