Retour aux avortements clandestins en Espagne ?
Le gouvernement espagnol s’est aujourd’hui attaqué de plein fouet aux droits des femmes en décidant de limiter l’accessibilité aux Interruptions Volontaires de Grossesse.
Ce projet visant l’annulation de la loi mise en place en 2010 par le gouvernement socialiste et autorisant l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse (et, en cas de malformation du fœtus, jusqu’à 22 semaines) avait déjà été mis sur la table en 2011 lors de la campagne menée par le chef conservateur M. Rajoy.
Le gouvernement libéral souhaite donc en revenir au système de 1985 lorsque l’IVG était autorisée uniquement dans deux situations bien précises, à savoir en cas de danger pour la vie de la mère ou en cas de viol si la victime a toutefois déposé une plainte auprès de la police avant la demande d’avortement.
La limitation du droit à l’avortement ne réduira pas le nombre d’avortements.
La restriction des lois concernant l’avortement aura sans nul doute pour conséquence de pousser les femmes espagnoles à avorter de manière clandestine ou, pour celles qui en auront les moyens, à se rendre dans des pays voisins comme la France ou l’Angleterre pour pratiquer leur avortement.
N’oublions pas ce qui est arrivé à Savita Halappanavar en Irlande. Cette femme a perdu la vie, l’année dernière, lors d’une complication pendant le curetage. Alors qu’elle faisait une fausse couche, les médecins avaient refusé de pratiquer une IVG immédiatement, sous prétexte que le cœur du fœtus battait encore. Ils ont ainsi attendu que le cœur du fœtus cesse de battre pour procéder au curetage.
En Belgique, alors que nous sommes en ce moment même en train de préparer la manifestation pro-choix, qui se tiendra le 30 mars prochain, pour le droit à l’avortement et à la contraception libres et gratuits, nous ne pouvons pas laisser l’État espagnol porter une telle atteinte au corps et à la vie des femmes sans réagir! Cette réforme nous rappelle qu’aucune lutte n’est jamais définitivement acquise et que, toujours, il faudra continuer à nous battre pour que ces droits, que nous considérons essentiels, ne soient pas entravés.