Travail étudiant : on assure une fois encore la concurrence entre travailleurs !

Annoncé comme une simplification de la - très compliquée - législation sur le travail étudiant, les nouvelles mesures que propose la Ministre de l’emploi avantagent encore et toujours les employeurs. A quand des mesures bénéfiques pour les travailleurs ?

La Ministre de l’emploi propose de travailler 50 jours au lieu de 46 sous cotisations sociales réduites. Ces cotisations s’élèveraient à 8,13 % du salaire (5,42 % pour l'employeur et 2,71 % pour l'étudiant) et le jobiste pourra travailler pendant 1 an au lieu de 6 mois. Bien qu’il y ait l’instauration d’un plus grand contrôle, la simplification attendue depuis si longtemps cache dans les faits, encore plus d’avantages pour les employeurs. Malgré les propositions des jeunes syndicalistes, les mesures annoncées ne donnent pas plus de droits aux étudiants et accentuent la concurrence entre tous les travailleurs.

Une simplification souhaitée depuis longtemps…

En 2005, la législation sur le travail étudiant fut modifiée et surtout complexifiée ! Etudiants, parents et même employeurs avaient beaucoup de mal à assimiler les modifications apportées en plein milieu de l’année sans information publique adéquate de la part du ministère de l’emploi.

Au-delà de la complexité, ces modifications ont apporté de nombreux problèmes :

Concurrence entre tous…

Les cotisations ONSS réduites incitent les employeurs à engager des étudiants qui leur reviennent moins cher. Citons l’exemple de la distribution où les travailleur-euse-s à temps partiel reprenaient certaines heures libres, pour pouvoir arriver à un temps plein ; ces heures sont maintenant occupées par des étudiants. Cette concurrence se marque aussi entre les étudiants : ceux sous contrat normal (qui travaillent toute l’année pour financer leurs études) et les étudiants saisonniers.

Pas de droits pour les étudiants !

Les étudiants payent une cotisation mais n’obtiennent aucun droit ! Les Jeunes FGTB veulent que les jobistes puissent cotiser pleinement à la sécurité sociale. C’est plus avantageux pour eux puisque cela leur donne droit à un pécule de vacances (donc ils ne perdent rien) et à des jours de congé. De plus, l’année de travail peut être valorisée dans le calcul de la pension.

Pas de choix sur le contrat…

La loi de 2005 stipule que les employeurs sont obligés de signer un contrat étudiant avec le jeune qui n’a pas encore effectué ses 23 jours. Le jeune n’a donc plus le choix de travailler (comme c’était le cas auparavant) sous le régime qu’il préfère !

Où sont passées nos propositions ?

En 2008, les Jeunes FGTB et leurs camarades néerlandophones avaient lancé une campagne sur les jobs étudiants. Nous avions fait des propositions pour une simplification de la loi et pour plus de droits pour les étudiants.

Le cabinet de la Ministre avait pris du temps pour nous écouter… mais apparemment nous n’avons pas été entendus !

Nos propositions concrètes et calculées pouvaient régler tous ces problèmes de concurrence et de droits. Penser une législation sur un secteur particulier doit se faire par rapport au marché de l’emploi en général et plus encore, par rapport à la situation générale de la société dans laquelle nous vivons.

Alors que les mesures proposées aujourd’hui accentuent encore la concurrence sur le marché de l’emploi (plus de jours sous cotisations réduites), les étudiants n’auront toujours pas de droits.

Les Jeunes FGTB ne sont évidemment pas « contre » le travail des étudiants. Nous voulons une solution simple pour permettre aux étudiants de travailler s’ils le désirent. Mais sans déstructurer le marché de l’emploi, sans concurrence entre tous et sans flexibilité accrue…

Les étudiants de maintenant seront les travailleurs de demain, il ne faut pas hypothéquer leur avenir dans l’unique intérêt des employeurs !