Un nouveau Mai 68 en France ?
Avec comme arrière-fond les 50 ans de Mai 68, un large mouvement social semble se dessiner aujourd’hui en France.
Communiqué commun de l’Union syndicale étudiante (Belgique) et de SUD Étudiant·e·s et Précaires (Suisse) en soutien aux luttes étudiantes et sociales en France.
Les organisations syndicales se mobilisent en masse et dans un cadre unitaire, que ce soit parmi les cheminot·e·s, dans les hôpitaux et maisons de repos ou la fonction publique, mais aussi dans les universités. Les réformes du très autoritaire président Macron et de son gouvernement ne passent plus, et la résistance sociale s’organise. Énième réforme vers la privatisation de la SNCF, sélection à l’entrée de l’université, coupes budgétaires dans les services publics ; la ritournelle des réformes « structurelles » de l’agenda néolibéral, ainsi que leurs stratégies de renforcement de la marchandisation et du démantèlement des services publics, font face à une ferme opposition de la part des syndicats et de la rue.
Nous, de l’Union syndicale étudiante et de SUD Étudaint·e·s et Précaires, tenons à exprimer tout son soutien, et à affirmer notre solidarité internationale envers nos camarades étudiant·e·s et travailleur/euses en lutte, comme les cheminot·e·s de la fédération SUD-Rail de l’Union Syndicale Solidaires (membres, comme nous, du réseau européen et international RESAB), et les syndicats membres de Solidaires étudiant·e·s. Nous saluons également la combativité de certains syndicats indépendants comme le SCUM à Montpellier et l’UET à Toulouse.
Cela fait maintenant 3 mois que les étudiant·e·s et le personnel de l’Université Jean-Jaurès (Mirail) se mobilisent à travers une grève et des blocages, contre un projet de fusion du Mirail avec d’autres établissements, et contre la réforme sur la sélection. L’université est désormais mise sous tutelle par le gouvernement, les Conseil d’administration sont boycottés par les représentant·e·s syndicaux/ales du personnel, et le budget ne peut donc pas être voté. Le président Daniel Lacroix a également été démis de ses fonctions.
C’est aussi l’assemblée générale du Mirail qui a appelé à ce qu’une nouvelle coordination nationale étudiante se réunisse, comme cela s’était déroulé au printemps 2016 contre la Loi Travail. Les comités de mobilisation et les assemblées générales en lutte dans 38 établissements en France y ont répondu.
Nous tenons à dénoncer la répression policière qui est à nouveau utilisée pour déloger par la force les occupations comme à l’Université de Bordeaux. Cela n’a fait que renforcer la détermination des étudiant·e·s en lutte. Plus grave encore, à l’Université de Montpellier, Philippe Pétel, doyen de la faculté de Droit et de Science politique, a fait appel le soir du 22 mars à une milice fasciste pour évacuer à coup de lattes en bois les étudiant-e-s qui occupaient pacifiquement un auditoire. Il y a eu plusieurs blessé·e·s, dont certain·e·s envoyé·e·s aux urgences. Le doyen a depuis présenté sa démission, mais ce n’est pas suffisant : en relais des revendications de nos camarades, nous exigeons son renvoi immédiat ! De plus, nous apportons notre solidarité aux mobilisations antifascistes à Montpellier et à Lille.
Il y a encore bien d’autres places fortes des mobilisations étudiantes en cours, que ce soit à Lille, Besançon, Nantes, Grenoble, Caen, Rennes… Le mouvement étudiant semble se profiler comme point d’appui du mouvement social contre les politiques du gouvernement Macron, et faire jaillir les convergences et les solidarités entre les luttes des mondes du travail et de l’école. Quoi de mieux pour le 50e anniversaire de Mai 68 ? Un récent slogan résume la situation : « Ils commémorent, on recommence ».
En Suisse, une récente manifestation nationale de révolte pour l’éducation – le 24 mars 2018 – a réuni dans la capitale des associations et syndicats d’étudiant·e·s de toutes les régions linguistiques.
Et en Belgique ? On recommence partout ?
info@sud-ep.ch (Suisse) info@use.be (Belgique)