Une Université syndicale pour se former et s’émanciper
Après des semaines de préparation, l’Université Syndicale faisait son grand retour le dernier week-end d’octobre avec deux journées de formations et d’ateliers, le tout en autogestion. Autogérer ce moment permet d’impliquer tout le monde dans l’organisation pratique mais également dans les réflexions plus politiques touchant au format ou au contenu de l’Université Syndicale. Cette année, nous avions décidé d’encore enrichir ce dernier en proposant un choix de deux formations données en parallèle mais aussi en proposant des ateliers et formations inédites, afin que chacun.e puisse s’y retrouver, les militant·e·s chevronné·e·s comme les curieux·ses.
Samedi 28 octobre. 9h. Les yeux sont petits. On se réconforte avec du café, du thé et des croissants. Malgré la fatigue, ça discute et ça rigole. Le coup d’envoi est donné par l’assemblée générale d’ouverture, qui permet d’introduire tou·te·s les participant·e·s au fonctionnement de la vie collective du week-end. Eh oui, à l’Université syndicale, pas d’intendance ou de chef·fe·s !
10h, les deux premières formations commencent. En bas, on discute de l’histoire du syndicalisme étudiant. On débat de l’héritage de mai 68 et de l’importance de l’affiliation individuelle. En haut, on échange sur les mémoires des militant·e·s et des sympathisant·e·s USE. Et on se réapproprie politiquement nos productions intellectuelles.
Pour la première formation de l’après-midi, Renaud Maes, sociologue spécialiste de la question étudiante, détaille les inégalités sociales présentes dans l’enseignement supérieur et revient sur la problématique de la prostitution étudiante. Après son exposé, la nécessité de lutter contre la précarité étudiante et les mécanismes de sélection sociale dans l’enseignement ne fait aucun doute.
De l’autre côté de la pièce, on discute graphisme. Logiciels, formats, chartes graphiques, quantité d’information… La règle la plus important pour faire une bonne affiche reste, nous dit-on : pas de Comic Sans MS.
On poursuit l’après-midi avec deux formations sur deux outils de lutte qui nous sont chers à l’USE : l’autogestion et l’entraide sociale. Pour défendre les droits étudiants et en gagner de nouveaux, une seule certitude : nos luttes se créent à partir des problèmes matériels des étudiant·e·s. De la même façon, elles sont construites par les étudiant·e·s sur le terrain et non pas pensées en petit comité et insufflées par le haut.
Parce que notre syndicalisme ne fait pas de compromission avec le sexisme et que notre féminisme ne fait pas de compromission avec le libéralisme, notre commission féministe non-mixte (les MALFRAP) organisait une formation sur les féminismes de gauche. On y apprend comment contrer le discours féministe libéral, quelles différences existent entre féminisme marxiste et féminisme matérialiste et bien sûr quels liens tisser entre syndicalisme et féminisme.
On termine cette première journée intense par une discussion avec nos camarades suisses de SUD Étudiant·e·s et Précaires. On compare les situations, on discute des apprenti·e·s, de l’accès à l’Université. Leur campagne sur le harcèlement sexuel à l’université ainsi que leur façon de traiter les questions féministes dans et par le syndicat nous donne des idées. Comme conclusion à cette discussion : puisque le capitalisme est international, notre lutte le sera aussi !
Dimanche 29 octobre.
9h. Les yeux sont encore plus petits mais le café est toujours de bonne compagnie.
10h. En bas, avec Zoé Pletschette, médecin interne et syndicaliste MoDeS, on décortique les différentes problématiques de l’épineux dossier médecine : INAMI, examen d’entrée, contingent, pénurie et inégalités géographiques, Maggie De Block, tout y passe. En haut, le comité BDS-ULB nous forme sur la nécessité du boycott comme moyen de lutte pour la libération du peuple palestinien.
Un thé, un café, un cookie ou une pomme et on repart en formation. Eh oui, la révolution n’attend pas et en haut, on parle de syndicalisme révolutionnaire, d’Émile Pouget et des façons de renverser le capitalisme. Dans le même temps, François Fecto, sociologue de l’enseignement supérieur, démontre comment notre enseignement se fait toujours plus marchandisé, notamment à travers le processus de Bologne.
Après le repas, il est temps de se retrouver pour une plénière-débat sur le salaire étudiant. Et si la solution à la précarité étudiante se trouvait dans les théories de Bernard Friot et Aurélien Casta ?
Vers 17h, le Secours rouge, organisation internationale contre la répression, nous formait sur nos droits face à la police. Arrestations, déclarations, sécurité informatique,… De nombreux militant·e·s se trouvent confronté·e·s à la violence de la police quand ils/elles veulent confronter le système capitaliste, patriarcal et raciste, et connaître ses droits est une protection non négligeable.
Parce que l’Université syndicale se veut un lieu émancipateur, nous proposions un espace non-mixte entre femmes pour discuter de sexisme-mais-pas-que en fin de journée. Il était précédé par un atelier, mixte lui, qui expliquait ce choix de la non-mixité. Ainsi, pendant que les camarades femmes parlaient politique, les camarades hommes préparaient le repas du soir.
Cette année encore le challenge a donc été relevé, et l’Université syndicale a proposé un espace de formation sur les questions syndicales, féministes et évidemment sur les conditions de vie étudiantes, le tout en autogestion ! C’est un endroit où on forme et où on est formé·e, où chacun·e apporte ses réflexions et son savoir, dans un objectif de lutte et d’émancipation. À l’année prochaine pour une IIIème édition !