ULB : L’USE condamne le harcèlement et les agressions en dentisterie

ULB : L’USE condamne le harcèlement et les agressions en dentisterie
L’USE condamne les agressions physiques et les propos dénigrants et racistes en dentisterie à l’ULB. Nous saluons l’enquête du BEM et nous appelons à des enquêtes complètes dans tous les établissements. Nous demandons également des changements structurels du fonctionnement de l’université.

Suite aux révélations d’une enquête du Bureau Etudiant de la faculté de Médecine (BEM) à l’ULB, l’USE condamne les actes des professeur·e·s et assistant·e·s en dentisterie. Les menaces, le harcèlement, les propos dénigrants, les agressions physiques et les remarques racistes et antisémites dont iels ont fait preuve sont scandaleux. L’USE dénonce également l’inaction de l’ULB : ces comportements avaient déjà été signalés à l’université à plusieurs reprises dans le passé1, par des lettres collectives et des lettres de démission, ainsi que via les bureaux étudiants et la procédure d’évaluation des enseignements. Parfaitement au courant, l’université n’a rien fait pour protéger les étudiant·e·s de ces personnes et a couvert ces agissements.

Suite à l’enquête du BEM, l’université a adressé ses excuses aux étudiant·e·s. Elle a également lancé une enquête « à charge et à décharge » et a suspendu deux enseignant·e·s en dentisterie. Comme cela a été dénoncé par un ancien assistant², ce n’est qu’une « action de façade » qui ne remet pas en cause la source du problème. Ce n’est absolument pas suffisant et nous attendons de l’ULB qu’elle fasse plus que des actions de communication pour redorer son image.

En effet, ces agissements ont notamment été permis par le fonctionnement de l’université, qui donne tous les droits aux professeur·e·s en classe. Face aux évaluations et à la crainte de ne pas réussir leurs examens, les étudiant·e·s victimes d’un·e enseignant·e sont désemparé·e·s. La gouvernance interne de l’ULB, notamment réformée en 2014 en réduisant le pouvoir démocratique des étudiant·e·s, ainsi que le fonctionnement de la représentation étudiante, ne facilitent pas cette situation. Ceci est renforcé par une minoration des commentaires négatifs sur les enseignant·e·s pendant la procédure « d’évaluation des enseignements » et par un « traitement inégal » lors des commissions disciplinaires, où la parole des étudiant·e·s n’est pas entendue, au contraire de celle des enseignant·e·s³.

De plus, ces actes témoignent du non-financement de l’enseignement supérieur, particulièrement flagrant en sciences de la santé. Le harcèlement psychologique à l’œuvre a pour rôle de dissuader les étudiant·e·s de continuer leurs études, dans un cadre où le nombre de places en master est limité. La sélection, perverse comme dans ce cas-ci, ou instituée par exemple avec le numerus clausus, est inacceptable. Chaque étudiant·e a le droit à un enseignement de qualité, dans la filière de son choix.

Ce n’est pas que le département de dentisterie qui est concerné par des abus des professeur·e·s. Des stagiaires de toute la faculté de médecine ont été aussi victimes de violences et de harcèlement. Régulièrement, des propos ou des discriminations racistes nous sont rapportés dans d’autres cours ou dans d’autres établissements. Sans minimiser le dossier en dentisterie, il y a aussi de nombreux mauvais traitements dans d'autres écoles et filières. Via son service d’entraide sociale, l’USE peut aider les étudiant·e·s à se défendre (nous contacter à cette adresse : permanences@use.be).

Enfin, l’USE salue l’enquête (attendue) du BEM qui a permis de mettre en lumière les mauvais traitements en dentisterie. Le Bureau des Etudiant·e·s Administrateurs·ices a lancé une enquête plus vaste concernant toutes les filières à l’ULB, que nous saluons également. Nous appelons à mener de telles enquêtes dans tous les établissements. Nous nous interrogeons cependant sur les suites potentielles de ces enquêtes. Si tous les professeur·e·s et les assistant·e·s incriminé·e·s sont finalement écarté·e·s, cela va-t-il vraiment changer les choses ? Une procédure de signalement plus efficace va-t-elle être mise en place ? Et surtout, va-t-on enfin remettre en question la gouvernance verticale de l’ULB et la représentation étudiante ? Va-t-on remettre en question le fonctionnement de l’université, qui donne tous pouvoirs au/à la professeur·e en classe ? Va-t-on remettre en question les politiques de définancement de l’université ?


Ajout du 15/06: les syndicats du personnel de l'ULB (CGSP - CNE - CGSLB) dénoncent également de nombreux cas de harcèlement à l'encontre de membres du personnel dans plusieurs facultés. Comme pour les étudiant·e·s, les procédures de signalement ne fonctionnent pas et seulement des "mesures cosmétiques" sont appliquées. Par conséquent, c'est souvent la victime qui quitte l'établissement et non le/la coupable du harcèlement. Lire leur communiqué ici.


  1. Voir notamment des articles de la RTBF, ici et ici.
  2. Voir aussi son interview dans Vews.
  3. Voir le communiqué du BEA.