Élections BEA : Une opération de charme qui ne dupe personne

Élections BEA : Une opération de charme qui ne dupe personne

Ce mardi 6 décembre 2022, et pendant 4 jours, auront lieu les élections étudiantes à l’ULB. Tous les deux ans, les étudiant·es sont appelé·es à élire leurs représentant·es qui siégeront dans les divers organes de l’ULB.  

Chaque élection est un combat de plus en plus dépolitisé contre le quorum plutôt qu’un moment de débat entre les différent·es candidat·es. En effet, pour que l’élection soit validée, il faut qu’un minimum de 20% des étudiant·es (fac par fac) glisse son bulletin dans l’urne, faute de quoi l’élection est reportée à plusieurs mois (avec un nouveau quorum à 15%). En cas de nouvel échec, aucun·e délégué·e n’est élu·e dans la fac concernée.

En 2013, avec la réforme de la gouvernance, malgré l’opposition des étudiant·es (dont le Bureau des Étudiant·es Administrateur·trices - BEA), l’ULB a réduit le poids dont disposait celui-ci. En effet, le nombre de sièges accordés aux étudiant·e·s administrateurs et administratrices au CA est passé de 11 à 4 (le poids relatif restant toutefois inchangé). Les étudiant·e·s administrateur·trices sont ces étudiant·e·s à qui l’on demande de cogérer l’Université, de voter les coupes budgétaires, d’appliquer les politiques néolibérales de l’enseignement, mais aussi d’être des patrons ayant sous leur autorité des permantent·e·s. Même si celles et ceux-ci étaient de bonne volonté, le recteur, dans sa bonne grâce, ne leur accorde que 20 % des voix dans un système où tout se joue à la majorité. C’est donc pour cet enjeu-là que nous votons tous les deux ans. Impossible donc d’instaurer un rapport de force dans les instances.

L’USE a toujours été critique des élections étudiantes. Pour nous, les élections peuvent être un moyen d’obtenir des informations dans les (hautes) instances de l’Université, afin de s’en servir dans nos luttes. Nous revendiquons par exemple la fin de la « majorité substantielle » du corps professoral, avec l’instauration d’une représentativité des étudiant-e-s à 50% des voix au sein des instances décisionnelles des établissements académiques. Contre la vision d’un enseignement supérieur où les étudiant.e.s seraient de simple bénéficiaires des services professoraux (ce qui légitimerait leur mainmise sur la gestion de l’unif), nous réaffirmons la place des étudiant.e.s dans le monde universitaire, le caractère de travailleurs.ses que nous endossons et par conséquent notre ambition à être maîtres de notre lieu de travail.

Néanmoins, il n’est pas question de cogérer l’université main dans la main avec ses managers, appliquant des mesures néolibérales. L’USE considère que les améliorations de nos conditions de vie, de travail et d’étude sont le fruit de notre action collective et de notre rapport de force face aux directions des établissements et aux gouvernements. Nous ne nous contentons pas de vouloir être de bons porte-paroles, nous favorisons l’organisation de rassemblements, d’occupations et d’autres actes de grèves étudiantes qui nous permettent de porter plus fort nos revendications.

De plus, les étudiant·es administrateur·trices précédent·es ont souvent fait preuve de manque de transparence quant à leurs positions défendues dans les instances ainsi que de l’utilisation de la centaine de milliers (!)  d’euros de budget annuel dont dispose le BEA. Dans beaucoup de cas, les candidatures permettent d’ajouter une ligne sur le CV ou de bénéficier de bonus pour un Erasmus. L'intérêt général est substitué à un intérêt individuel qui ne tient compte des réalités et revendications des étudiant·es.

Cependant la conjoncture politique ne nous permet pas d’ignorer ces élections. En effet, les candidat·es issu·es d’organisations de droite (par exemple le CEL) ou tenant des propos réactionnaires (en polytech) sont conséquentes. Conscient·es que ces élections ne permettent pas d’établir un réel rapport de force, ni d'espérer des changements radicaux, nous préférerons tout de même toujours voir siéger des étudiant·es portant un programme proche de nos revendications.


C’est pourquoi cette année nous préférons donc voir siéger des candidat·es proches de nos revendications, plutôt que des étudiant·es défendant des positions réactionnaires ou vides de contenu. Pour rappel, nous luttons contre la précarité étudiante via la revendication d’un salaire étudiant et d’une rémunération des stages, mais également via celles d’avoir des repas chauds de qualité et gratuits, la revendication de distribution de protections menstruelles gratuites, et une augmentation du nombre de logements sociaux étudiants. Nous luttons également contre les mécanismes d’élitisme et d’exclusion de l’Enseignement supérieur, telle la réforme du décret paysage.